Lecornu active la formation d’un gouvernement d’urgence face à une censure potentielle
Contexte et calendrier budgétaire
Dimanche soir, les préparatifs pour un éventuel gouvernement Lecornu 2 se sont accélérés afin de déposer un projet de budget à temps, malgré un week-end marqué par des départs au sein des LR et une position prudente des alliés centristes.
Selon une source proche de l’exécutif, le Premier ministre restait à l’Elysée dimanche soir pour échanger avec Emmanuel Macron. Le calendrier budgétaire demeure serré: la Constitution prévoit 70 jours pour que le Parlement examine le texte avant le 31 décembre, ce qui implique que le projet de budget puisse être transmis mardi.
Alors que le gouvernement est récemment renommé à Matignon et exposé à une censure rapide de la part des oppositions – à l’exception du PS qui demande une suspension de la réforme des retraites – Lecornu aurait œuvré tout le week-end pour mobiliser des volontaires malgré les défections de ses anciens alliés.
Éléments de stratégie ministérielle
Pour faire face à l’échéancier et à l’observance des soutiens partisans, certains évoquent la possibilité de constituer un petit nombre de ministres régaliens, avec les seuls postes clés des Finances et du Budget, afin d’assurer la gestion du budget et les fonctions sensibles.
Réactions et positions des partis
Des signaux de nervosité se sont multipliés dimanche au sein des Républicains. Annie Genevard, ministre sortante de l’Agriculture, envisagerait de demeurer au gouvernement Lecornu 2, contournant ainsi la décision du Bureau politique du parti. Théo Am’Saadi, président des jeunes LR, a réaffirmé une mise en garde quant à cette option.
Par ailleurs, Yannick Neuder a déclaré qu’il avait décliné une proposition de rester au gouvernement.
Pressions et déclarations du Premier ministre
Dimanche, Lecornu a insisté sur le fait qu’il ne «ne peut pas agir n’importe quoi» et que, si certaines conditions n’étaient pas réunies, il n’exclurait pas de nouvelles évolutions. Une démission éventuelle pourrait, selon lui, rapprocher la perspective d’une dissolution de l’Assemblée, une option souvent évoquée par des adversaires.
Pendant ce temps, Emmanuel Macron, absent lundi en raison d’un voyage en Égypte pour soutenir le plan Gaza de l’administration américaine, a évoqué la nécessité d’un accord entre partis et a laissé planer la possibilité d’une censure si les divergences persistaient.
Les positions de la gauche et des oppositions
À l’exception du PS, l’ensemble de la gauche appelle à la censure immédiate du gouvernement Lecornu 2, tout comme le Rassemblement national et l’UDR d’Eric Ciotti. Hervé Marseille (UDI) a décrit le soutien au macronisme comme un partenaire indispensable mais a averti d’une éventuelle censure dès cette semaine.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a rappelé que sans des engagements comme l’abandon du 49-3 et des mesures pour protéger le pouvoir d’achat, la censure serait envisagée. Il a aussi évoqué la suspension immédiate et complète de la réforme des retraites comme signe de bonne foi.
Jérôme Guedj, député socialiste, a souligné sur LCI que la dissolution restait possible mais ne serait ni souhaitable ni automatique, selon les circonstances actuelles.
Marine Tondelier a rappelé sur France Inter que la dissolution précédente avait coûté cher à l’économie et à la croissance, en la comparant au coût potentiel d’une suspension de la réforme des retraites dans le contexte actuel.